Les réactions anaphylactiques sont extrêmement rares en ce qui concerne les vaccins de référence. Puisqu’elles atteignent entre 1 et 2 cas par millions de doses administrées. N’est-il pas déraisonnable de maintenir assise la personne vaccinée pendant 15 minutes après l’injection ?
Faudrait-il croire que cette réaction à risque soit plus importante ?
Selon les experts les réactions allergiques sont le plus souvent en relation avec un des excipients des vaccins. La prévalence des incidents allergiques de type anaphylactique serait pour le vaccin Pfizer – BioNtech de 1 pour 100 000 soit 10 fois plus important que ce que l’on peut constater pour les vaccins habituels. Cette « sur représentation » serait dû à la présence de PEG ou de polysorbate 80 dans la composition du vaccin.
Les autorités sont d’autant plus sensibles à cette situation qu’ils ont pris une grande responsabilité vis-à-vis de leurs populations en autorisant la mise sur le marché à titre temporaire voire en urgence de vaccin avec peu de recul. Il est évident que tout incident même mineur est dès lors regardé à la loupe et que le rapport bénéfices – risques l’est tout autant. Il est aussi indéniable que la sortie de nouveau vaccin n’a jamais été aussi documentée. Cette phase IV restera dans les annales. Il est de même certain que la finesse de recueil n’a jamais atteint un tel niveau.
Le rôle du pharmacien
Il est nécessaire que le pharmacien se forme à gérer un incident post vaccinal et plus encore à l’éviter par un questionnement du patient afin de détecter des signes d’alerte. Dans les conditions actuelles, il sera tenu responsable de ne pas avoir fait le nécessaire pour identifier une personne à risque. Il doit porter son questionnement sur la survenue d’incident (piqûre de guêpe par exemple ou réactions médicamenteuses ou nécessité d’avoir sur soi un stylo à adrénaline) et/ou des comorbidités à risque.
À ce jour les limites de la vaccination en pharmacie ne sont pas encore bien définies. Le pharmacien devra-t-il orienter systématiquement les personnes à risque vers le médecin et si oui dans quelles conditions ?
Aujourd’hui le médecin de ville a la responsabilité de vacciner les personnes les plus à risque de sa patientèle. En sera-t-il de même pour les pharmaciens ?
Rappelons que la vaccination antigrippale n’est autorisée en pharmacie que pour les patients de plus et de moins de 65 ans sous ALD et les personnes obèses et les femmes enceintes. Sans être déconseillée, la vaccination lors de la grossesse et en période d’allaitement supposerait une prise de décision médicale. La responsabilité du pharmacien vaccinateur peut être aussi majorée s’il vaccine : – des patients souffrants d’un déficit de coagulation et ; – les immunodéprimés que la cause soit pathologique ou médicamenteuse. Dans le premier cas les vaccins à disposition doivent être injectés en IM strict et un épanchement sanguin est prévisible. Dans le second, les études à disposition ne sont pas encore suffisamment robustes pour assurer de l’efficacité vaccinale.
De l’importance de faire remonter les informations
Les remontées de données sont absolument essentielles à une meilleure connaissance du profil de tolérance et d’efficacité des vaccins. Le rôle du pharmacien comme collecteur d’information de proximité est indéniable. Cette documentation ne peut qu’améliorer la chaîne de valeur et démontrer que le pharmacien est bien plus qu’une utilité logistique. Son rôle dans la délivrance au médecin s’enrichit de sa capacité à rappeler au médecin le bon usage du vaccin et la gestion de la chaîne du froid.
De l’importance des 15 minutes
Lors de l’expérimentation de la vaccination antigrippale par le pharmacien les premiers protocoles obligés à ce que le pharmacien garde sous surveillance la personne vaccinée sous surveillance pendant 15 minutes. Cette obligation a été annulée dans le décret de généralisation de la vaccination, car elle pouvait être considérée comme discriminatoire lorsque les médecins ne devaient s’y conformer. Pour la vaccination anticovid, cette nécessité est généralisée et tout « vaccinateur » doit s’y conformer. Ce que certains pourraient considérer comme de la frilosité est compréhensible face à l’élargissement à une grande partie de la population de l’acte vaccinal. Ce point de vigilance doit être compris par les pharmaciens et systématiquement mis en œuvre même s’il pose des problèmes d’organisation. Il faut ainsi démontrer que le pharmacien est un acteur rigoureux de la vaccination.
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