Le premier recours ou soin primaire ou soin de proximité peut être défini comme le premier niveau de contact entre la population et le système de santé. Selon la définition de l’Académie française le recours est de : « Faire appel à (quelqu’un) ; se servir de (tel moyen) dans une situation difficile. » Alors que celle de secours est d’ : « Apporter de l’aide à quelqu’un qui se trouve exposé à un danger. » La constatation d’un danger immédiat différencie le secours et le recours.
Selon l’article L. 1411-°©‐11 du Code de la santé publique, ces soins primaires comprennent : « 1° La prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement et le suivi des patients, 2° La dispensation et l’administration des médicaments, produits et dispositifs médicaux, ainsi que le conseil pharmaceutique, 3° L’orientation dans le système de soins et le secteur médico-ˇ‐sociale 4° L’éducation pour la santé. »
La pharmacie d’officine intervient sous monopole dans la dispensation du médicament, quelle que soit l’origine de l’ordonnance ; qu’elle émane d’un acteur de premier recours ou pas. L’officinal joue un rôle dans la prévention par la détection de pathologies à risque comme le diabète par exempleen proposant d’effectuer une mesure dans des conditions normées.
Obligation d’orientation
Le code de déontologie l’oblige à un devoir d’orientation, de conseil de bon usage des médicaments et/ou des dispositifs médicaux et aux rappels de mesures hygiénodiététiques. Ce même devoir de conseil s’applique plus particulièrement lors d’une requête ou demande faite sans ordonnance. Dans ce cas, il est spécifiquement le premier professionnel de santé que le client- patient contacte. Son rôle est de s’assurer de l’absence de signaux d’alerte présupposant une pathologie à risque ou potentiellement grave. La détection d’un signe d’alerte l’oblige à orienter en fonction du risque vers un avis médical ou les urgences dans les meilleurs délais.
Capacité à soulager
En l’absence de signe d’alerte, il peut dans les limites de ses compétences soulager par la délivrance de médicament et/ou de conseil des symptômes dont le client- patient souffre. Cette capacité d’orienter et/ou de soulager lors d’une demande ou d’une plainte est un acte formellement de premier recours puisque le pharmacien est le premier interlocuteur du client-patient. La spécificité de ce premier contact doit être explorée dans sa pratique afin d’en affirmer son importance et d’en définir ses obligations.
La notion de soin
Selon la définition de l’Académie française, la notion de soin est d’une acceptation large. Elle consiste à : « S’occuper de la santé, du bien-°©‐être moral ou matériel de quelqu’un. » Son acceptation anglo‐saxonne care intègre le concept d’accompagnement. Le pharmacien est un acteur de soin lorsqu’il pratique le conseil, le suivi et l’accompagnement, mais aussi lorsqu’il effectue un geste de premier secours en fonction de sa compétence en soignant une plaie par exemple.
Le premier recours à l’officine
Le premier recours spécifiquement officinal se traduit par la prise en charge d’une demande (ou requête) sans ordonnance (dite primaire) d’un patient n’ayant pas vu préalablement un médecin. Celui‐ci consiste en une évaluation des signes d’alerte dont la conséquence sera une orientation adaptée et/ou le soulagement de symptômes et la délivrance d’un traitement symptomatique et probabiliste de première intention. L’acte de dispensation de premier recours à l’officine s’organise donc en trois temps :
– celui de l’analyse pharmaceutique qui dans ce cadre est une analyse des symptômes présentés par le client, des conditions de leurs survenues, de la situation de santé de la personne, afin de déterminer en fonction des compétences du pharmacien et de son équipe : -°©‐ la nécessité d’une orientation ou la possibilité d’une prise en charge officinale ;
— celui de la délivrance d’un médicament et/ou d’un conseil hygiéno‐diététique validé et conforme à la législation et au Code de déontologie ;
— enfin celui de la transmission et de la vérification de la compréhension des conseils de bon usage, des informations définissant les limites d’efficacité du traitement prodigué et les mesures à prendre en cas d’échec. Le premier secours implique la pratique d’un geste de soin sans relation avec la délivrance d’un médicament comme le lavage d’une plaie, l’inspection d’une brûlure…