Aurions-nous trouvé la panacée, ce médicament universel qui hante l’humanité depuis l’antiquité et bien avant ? Panacée que nous trouvions dans nos assiettes et que nous reléguions au statut de condiment. Cherchions-nous un exemple de sérendipité, le curcuma en serait un, si l’on en croit ses thuriféraires ?
Du rhizome à la gélule en passant par nos assiettes
Le curcuma est une épice très utilisée dans les pays chauds, de couleur orangé plus connue sous le nom de curry. Elle est issue des rhizomes d’une plante « Curcuma longa ». La médecine traditionnelle indienne l’a depuis très longtemps introduit dans sa pharmacopée pour traiter l’asthme et les allergies respiratoires. Sa couleur jaune-orangé en fait un additif (E100) très fréquent des aliments industriels.
Le gap entre l’in vitro, in vivo et les études cliniques
La bibliographie déjà étoffée sur les curcuminoïdes est riche et de nouveaux travaux l’enrichisse régulièrement. Les études in vitro et in vivo ouvrent à une pharmacodynamie très développée sur de nombreux domaines comme inflammation, la dépression, athérosclérose, le cancer, le prédiabète et le diabète, la protection hépatique et les infections bactériennes ou virales. A contrario les études cliniques à disposition ne permettent pas de transposer ces espoirs en une réalité thérapeutique validée. À l’exception d’un petit nombre d’études bien menées par exemple sur l’intérêt de la curcumine sur le prédiabète ; la majorité des autres ne répondent pas à des critères scientifiques pertinents.
Allégations ou indications
L’EMA a publié sur le curcuma (2010) une étude bibliographique et des usages exigeante. Ces conclusions l’amènent à ne proposer qu’une indication pour le curcuma : la dyspepsie. Les autres possibilités thérapeutiques ne peuvent aujourd’hui être comprises que comme des allégations. Une utilisation efficace du curcuma et son conseil se heurtent à la difficulté d’établir une posologie validée par allégation, d’autant plus difficile à identifier que la biodisponibilité de la curcumine est faible. Celle-ci peut être améliorée par des galéniques plus ou moins sophistiqués dont l’efficacité mérite d’être confortée par des études indépendantes des laboratoires fabricants.
L’avantage de la curcumine est d’avoir un bon profil de tolérance. Le conseil du pharmacien doit tout du moins rester prudent et éviter toutes affirmations. Plus particulièrement l’utilisation comme complément thérapeutique d’une chimiothérapie doit être contrôlée médicalement, puisque la curcumine peut interagir négativement avec un certain nombre de traitements anticancéreux.
À prendre en compte
- Le taux de curcumurine ( au minimum 95 %), additifs et biodisponibilité effective de la spécialité (qualité des études de pharmacocinétique ?).
- Contre-indication en cas de lithiase biliaire .
- Utilisation dans le cadre de pathologies chroniques ou par des patients sous chimiothérapies : avis médical souhaitable (effet antagoniste potentiel pour certaines molécules utilisé lors de chimiothérapie).
- Posologie non validée.
- Nombreuses études in vivo sur les effets des curcumoïdes
- Peu d’études cliniques correspondantes aux critères de validation (faiblesse du nombre de patients, études souvent uniquement observationnelles et rarement contre placebo...).
- Ne pas confondre usage ou intérêt thérapeutique potentiel avec indications validées.
Le CVAO édite la fiche opérationnelle ci-dessous
Références
Assessment Report On Curcuma Longa L. Rhizoma Committee On Herbal Medicinal Products (Hmpc) EMEA 2010
La curcumine pour prévenir le diabète de type 2 ? Minerva 2013 Volume 12 Numéro 2 Page 19 - 20
Article Curcuma Fondation contre le cancer consulté le 26/08/2018