Comme chaque année le CVAO organise son colloque pluriprofessionnel. Cette année, le sujet de notre manifestation sera : les plaies et les pansements. Certains pourraient s’étonner que nous abordions ce sujet. Les raisons de ce choix sont multiples.
Les plaies et les pansements, ces grands inconnus
De la simple plaie, raison d’une demande de premiers soins, à la détection puis au suivi de la cicatrisation d’une ulcération, le pharmacien est confronté à un ensemble d’interrogations souvent bien difficiles à lever tant l’évolutions des connaissances et des techniques ont été en une dizaine d’années particulièrement importantes. Faut-il désinfecter une plaie?? Une plaie de la main nécessite-t-elle un avis médical voire une orientation vers les urgences?? Comment peut-on détecter une plaie à risque de chronicisation?? Pourquoi tel pansement plutôt qu’un autre??
Une simple enquête auprès de nos confrères montre leurs difficultés de compréhensions et/ou de dispensations des ordonnances de pansements « complexes ». Il est aussi évident que la cicatrisation est un domaine trop peu connu et que sa compréhension est une priorité si l’on veut mieux envisager la dispensation d’un pansement ou le traitement d’une plaie.
Plaie et pansement, une voie de spécialisation??
Selon l’Asurrance maladie, le coût du traitement d’une escarre représente pratiquement 10?000 euros dont 22 % se retrouvent sous le monopole du pharmacien (médicament, dispositifs médicaux…), et 12 % sous une concurrence relative (MAD, Incontinence). En 2017 l’incidence des ulcérations de la peau est estimée à 2 millions de cas, soit en moyenne 90 patients par officine. Ce qui peut représenter, en première approximation et potentiellement pour une officine moyenne, un pourcentage entre 6 et 13 % de son chiffre d’affaires, et cela sans compter la vente de produits résultant du conseil associé.
Cette source de chiffre d’affaires est donc bien réelle et s’accompagne de la possibilité de fidéliser des patients chroniques en attente d’aide et de conseil.
Depuis maintenant près de 5 ans nous assistons à une baisse des prix des médicaments et plus récemment à une diminution de leurs volumes. L’hôpital privé a déjà intégré l’inversion des dépenses entre médicaments et matériel médical, ces derniers représentent aujourd’hui pratiquement les deux tiers des achats des cliniques. Il est possible que la pharmacie de ville suive à plus ou moins long terme le même chemin.
Les ventes en pharmacie des dispositifs médicaux vont augmenter. Il est donc temps pour le pharmacien de se spécialiser dans ces domaines pour apporter des réponses à la fois qualitative (fluidité de délivrance, suivi efficace…) et quantitative (produits rapidement disponibles…) à des patients et/ou à leurs aidants de plus en plus nombreux.
Le pharmacien, nouvel interlocuteur des infirmiers??
Les domaines connexes entre infirmiers et pharmaciens sont multiples et peuvent devenir pour certains conflictuels (PDA, vaccination…). Ces domaines communs d’intervention méritent d’être pensés puis rendus synergiques pour une prise en charge optimale au bénéfice du patient. Le traitement des plaies chroniques peut devenir un des domaines de cette recherche pluriprofessionnelle d’efficience.
L’efficacité de toute intervention pluriprofessionnelle se fonde sur le partage de l’information et la mise en place de protocole d’actions. Pour sa part, le pharmacien peut être une source d’informations pour l’ensemble des interlocuteurs. Il peut détecter un risque de mésusage ou un signal d’appel d’une évolution défavorable des traitements et alerter dans les meilleurs délais les autres professionnels.
Le colloque 2017 du CVAO a pour ambition de favoriser les échanges et de déterminer ce qui pose problème tout en proposant des recommandations pour avis et amélioration.