Pourquoi les pharmaciens n’aiment-il pas le paracétamol 500 mg ?

Pourquoi les pharmaciens n’aiment-il pas le paracétamol 500 mg ?

27 juillet 2018 - 19 h 15 min
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L’expérience est intéressante. Demandez  une boîte de paracétamol dans une pharmacie lors de vos vacances. Le geste va parfois précéder la pensée et la main va mener le préparateur ou le pharmacien vers la boîte de doliprane 1000 mg comme s’il s’agissait d’une évidence. Par deux fois j’en ai fait l’expérience.

Faut-il que certains de nos confrères aient intégré si profondément ce réflexe pour agir avec si peu de discernement ?

En son temps une enquête de Que Choisir dont nous avions parlé dans le cadre d’un article avait ému nos confrères. Le CVAO n’est pas un procureur et ne cherche qu’à améliorer la pratique de pharmaciens que nous considérons comme des acteurs de soins. Il est tout de même utile de rappeler que le pharmacien est déontologiquement obligé à lutter contre la surconsommation médicamenteuse et à informer plus particulièrement dans le cas de son conseil des effets positifs et négatifs des médicaments qu’il propose.

Bien évidemment le dosage 1000 mg de paracétamol existe et il peut être légitime de le proposer à la vente conseil, mais doit-il pour autant devenir l’unique proposition ?

N’est-il pas plus judicieux d’informer le patient que la dose la plus efficace est la plus faible pour le soulager ? Ce qui est vrai pour le paracétamol l’est aussi pour l’ibuprofène.

Nous avons peut-être construit collectivement une croyance. Celle-ci est de croire que le patient est demandeur du dosage le plus fort. Notre erreur est de ne pas le vérifier et de ne plus agir comme un conseil au bénéfice du patient. N’est-il pas tellement plus simple pour certains qu’après avoir suscité ce comportement ; on puisse par inversion de la preuve en porter la faute sur le patient ? Ne sommes-nous pas détenteur d’un savoir sur les effets du paracétamol ? N’avons-nous pas fondé notre combat contre les volontés de la GMS sur notre capacité à informer sur les dangers de la prise du paracétamol ?

Mon expérience est limitée et beaucoup de pharmaciens font bien leur travail en s’informant malgré les réticences de certains de leurs patients de l’usage qu’ils veulent faire de cette boîte de paracétamol. Mon intervention a uniquement pour but de sensibiliser certains à des dérives qui les éloignent d’une pratique au bénéfice des patients. La lassitude n’explique pas tout et il faut prendre garde à ce que le geste distributif égocentré prenne le pas sur la responsabilité bien spécifique de l’acte officinal. Ce qui est vrai pour certains pharmaciens doit l’être aussi pour des laboratoires qui pourraient être tentés de confondre mercantilisme et santé publique en favorisant les hauts dosages et ainsi la création de comportement à risque.

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