La communication des vitrines des pharmacies devient étonnante et pose question. Aujourd’hui le mot de transparence devient le slogan incontournable de la vie de la cité. Il est stupéfiant de voir de plus en plus de pharmacies oblitérer leurs vitrines avec un affichage de marque de parapharmacie ou de spécialités de médicaments d’automédication. Il n’est tout de même pas si loin le temps des vitrines d’informations santé. Le pharmacien se considérait alors comme un des maillons de l’éducation à la santé.
En oblitérant leurs vitrines par des messages publicitaires certains de nos confrères ne seraient-ils victimes d’un contresens dans l’acception du mot officine?? Rappelons qu’officine à deux sens : « · Local où les médicaments sont préparés, conservés et distribués au détail par le pharmacien, et où on procède à l’exécution des ordonnances médicales?; pharmacie. Endroit où s’élabore quelque chose de secret, de nuisible, de mauvais : Une officine d’espionnage.» (Définition du Larousse)
L’histoire de la pharmacie nous apprend que les formules secrètes ont été interdites. Avec la loi HPST, le pharmacien est devenu un professionnel de santé. Ce rôle implique des devoirs et ouvre à de nouvelles missions. La croix verte est l’assurance pour le consommateur-client mais aussi patient de recevoir une information impartiale et d’être accompagné dans la prise de ses médicaments et dans le suivi de son traitement.
Le choix de devenir pharmacien implique que l’on s’applique une éthique et que l’on accepte que son intérêt personnel passe après l’intérêt du patient. La dispensation n’est en aucun cas la distribution. Un médicament même très largement utilisé et connu garde ses secrets et ses zones d’ombres. La prise d’un médicament devrait dans l’idéal être un acte réfléchi basé sur un conseil validé. Le pharmacien se doit de maintenir ses connaissances et surtout de vérifier ce qu’il avance et cela en toute « transparence ».
La vitrine d’une pharmacie est aujourd’hui le seul moyen de communication autorisée par le législateur. Faut-il encore que les messages soient conformes à la déontologie de la profession, c’est-à-dire ne soient pas trompeur. À ce jour, aucune pharmacie ne peut faire mention d’une spécialisation en dehors de celles octroyées par un diplôme universitaire (DU d’orthopédie par exemple).
Parmi, les choses vues sur une vitrine oblitérante, on a pu lire l’énoncé des autoproclamassions suivantes :
- Parapharmacie : conseil et prix
- Orthopédie générale et sur mesure
- Spécialiste de la femme opérée du sein
- Spécialiste en Préparations Magistrales
- Matériels Médical : Vente et Location
Outre un emploi inadéquat des majuscules, il est étonnant que notre confrère ou consœur se soit laissé aller dans sa frénésie communicatrice à se proclamer « spécialiste en préparation magistrale ». Faut-il en déduire que cette pharmacie est la seule à pouvoir délivrer des « Préparations Magistrales » et de s’en être fait une spécialité?? Outre, que l’intitulé doit être bien obscur pour le passant et n’est certainement pas de nature à l’éclairer?! Il apparait que notre consœur ou confrère a des penchants égotistes qui le ou la pousse à ne pas vouloir partager, une activité commune à toutes les pharmacies.
Nous serions aussi en droit de nous interroger sur cette nouvelle spécialité qu’est la femme opérée du sein, mais faute d’informations complémentaires nous nous garderons de toutes expectatives.
Un client de cette pharmacie nous a rapporté l’anecdote suivante. En recherche de mi-bas de compression en vue d’un long voyage en avion, il constate que la personne qui l'a pris en charge pratique ses mesures au-dessus de son pantalon. Il s’en étonne en demandant s’il existe des abaques correcteurs. La communication du pharmacien est dans ce cas bien conforme lorsqu’elle revendique la pratique d’une orthopédie générale même si celle-ci touche plus au général qu’à la mesure.