Complexité et thérapeutique

Complexité et thérapeutique

23 mars 2016 - 11 h 21 min
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Le Lancet publie une étude comparative entre paracétamol et AINS dans le traitement des douleurs arthrosiques. Le paracétamol n’apparaît pas comme un traitement efficace comme beaucoup d’AINS fréquemment prescrit dans cette indication. Le diclofénac apparaît comme la solution thérapeutique la plus efficace.

Cette nouvelle étude pose donc un problème de plus en plus épineux, comment choisir entre un traitement peu ou pas efficace, mais avec un risque moindre et un traitement efficace, mais subordonné à des effets secondaires d’autant plus importants chez les personnes âgées (majoration d’une insuffisance rénale par exemple).

Le prescripteur est donc face à un dilemme puisqu’il sait et doit prendre en compte ce savoir. Face à lui, un patient qui sans nul doute souffre et, cette souffrance a elle aussi des conséquences de perte de mobilité et de qualité de vie. La prescription devient donc une formule avec de moins en moins d’inconnus, mais de plus en plus d’interrogations. Il semble alors évident que le médecin doit prendre en compte l’avis du patient qui lui aussi va devoir faire des choix entre douleurs et vie de relation. Il serait en effet un peu trop facile de croire que les patients s’en remettent aveuglément à leur médecin. La prescription doit avoir désormais des objectifs divers, résultant aussi de la considération des envies et attentes du patient.

L’objectif du soin de pathologie chronique n’est plus obligatoirement de limiter un symptôme comme la douleur. Il apparaît de plus en plus comme une réponse à une attente éclairée du patient. La mise en place d’un traitement s’apparente d’autant plus à de la pédagogie que les patients s’informent par eux-mêmes et que le savoir est disponible sur Internet.

Un autre paradoxe peut être pris en compte. L’expérience montre que certains patients en attente de soulagement font une consommation inconsidérée de médicaments agissant sur des symptômes (IPP, beta2 mimétique à courte durée d’action, antalgique…), mais aussi que de plus en plus de patients s’ouvrent aussi à des méthodes dites «?naturelles?» ou à des thérapeutiques non médicamenteuses. Ceux-ci sont en attentes d’une relation privilégiée avec leurs thérapeutes et attendent que l’on s’intéresse à eux dans une vision holistique. Il n’est pas difficile de constater de même un refus volontaire ou involontaire de la prise régulière selon la prescription des médicaments destinée à des pathologies chroniques (statine, antihypertenseurs, corticoïdes inhalés…).

Que conclure de ces observations?? Il est évident que les attentes et les besoins de nos patients changent et qu’ils ont appris pour certains à se prendre en charge et à devenir des interlocuteurs exigeants capables de rechercher par eux-mêmes les solutions qui leur conviennent. Croire que le prescripteur ou le dispensateur a un pouvoir est une vision de plus en plus fausse. La valeur ajoutée des professions de santé sera la capacité à PROPOSER, c’est-à-dire à personnaliser en éclairant et non plus à décider.

 

Référence : http://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(16)30002-2.pdf

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